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28 novembre 2012 3 28 /11 /novembre /2012 17:59

21_12_A _texte du mémoire La joie et la croix

La Joie et la Croix

(mémoire dont l'auteur n'a pas souhaité que son nom soit mentionné)

 

 

Introduction

 

Tout d'abord j'aimerais commencer mon exposé en précisant que la Joie est un mystère et que la Croix en est un également ! Alors l’association de la Joie et de la Croix est évidemment un grand mystère ! Un mystère est différent d'un problème, ce n'est pas un tabou. « C'est une vérité qui nous dépasse toujours, dont l’accès est difficile mais pas impossible. Les mystères chrétiens sont des vérités que Dieu nous dévoile partiellement et il nous y invite avec notre intelligence pour nous y approcher davantage ».[1] Ce sujet de mémoire est donc appelé à se transformer et à se préciser sans cesse.  

Ce mystère de la Croix et de la Joie nous invite à la contemplation, au silence. Aussi j'aimerais pouvoir vous parler avec beaucoup de prudence et d'humilité. Parler de la souffrance est très délicat, surtout lorsque soi-même nous n'avons pas été touché par la maladie, la souffrance. Voici ce que disait le cardinal Pierre Veuillot à la fin de sa vie . «Nous savons faire de belles phrases sur la souffrance. Moi-même j'en ai parlé avec chaleur. Dites aux prêtres de n'en rien dire : nous ignorons ce qu'elle est. J'en ai pleuré ! ».

 

Comment m'est venu ce sujet ? Au début, j'étais partie pour faire un mémoire sur la louange. Mais très vite je me suis confrontée à cette question : comment louer dans la maladie, l'épreuve, la souffrance ? Un des fruits de la louange est la joie. Alors je me suis demandé s'il était possible de vivre la souffrance dans la joie. J'ai principalement travaillé avec les encycliques de Paul VI sur la joie chrétienne et celle de Jean Paul II sur le sens chrétien de la souffrance, avec des écrits de Mère Térésa, Sainte Thérèse de Lisieux et Marthe Robin. Puis bien sûr à partir de citations bibliques de l'Evangile, de Saint Paul et des psaumes. Au fur et à mesure je me suis rendue compte qu'il était en effet possible de vivre une certaine forme de joie dans la souffrance.

 

Dans l'Evangile de Saint Jean, Jésus nous dit : « Je suis venu pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie », Jean 15, I I . Le Christ nous invite à la joie. La religion chrétienne est une religion de joie.

Chesterton : « Lajoie est le secret gigantesque du chrétien».

Bernanos : « Le contraire d'un peuple chrétien est un peuple triste ».

 

Parallèlement à cela l’un des symboles du christianisme est le signe de la croix. De manière courante, 1a croix signifie: condamnation, souffrance, mort...

Jésus nous dit également '. « Si quelqu’un veut marcher derrière moi qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive », Marc 8, 34.

Or, Jésus, qui a été crucifié, nous invite à vivre dans la joie et à partager sa joie: «Entre dans la joie de ton maitre», Mt25, 21.

 

La question qui se pose dans un premier temps est comment la Joie et la Croix peuvent être liées et être ensemble des symboles du christianisme? Cela est plutôt paradoxal !  Le Père Bernard Peyrous nous dit « qu'une chose extraordinaire dans le christianisme est qu'une chose qui semble ne pas avoir de sens peut en prendre un ! ». A l'exemple de Paul VI croyons que « la souffrance et la joie ne sont plus des ennemies irréductibles ».

 

Alors prenons notre bâton de pèlerin et essayons ensemble de comprendre comment est-il possible de vivre la souffrance dans la joie ?

 

Commençons tout d'abord par définir ce que sont la joie et la souffrance.


I) Définition

 

a) Les joies naturelles

 

« Elles sont l'expression du plaisir des sens et de nos affections. Elles traduisent la satisfaction d'un désir ou d'une aspiration. Elles sont passagères car le plaisir relève de l'avoir plutôt que de l'être. Par exemple, pour le corps: la joie d'être rassasié, bien reposé, le bien-être d'une bonne douche, d'une bonne santé; pour l'âme: joies intellectuelles, culturelles, de réussir à un examen, de voir un bon film, d'admirer un paysage ; joies affectives d'aimer et d'être aimé dans une relation d'amitié » [2]

 

b) La ioie chrétienne

 

La joie chrétienne n'est pas seulement un sentiment, c'est un état, une manière d'être. Dans le langage courant, en effet, la joie est un sentiment. D'un point de vue humain, c'est vrai. Mais la joie chrétienne va beaucoup plus loin. C'est un état de l'âme, un état intérieur, qui se traduit dans L’attitude et la sensibilité, mais qui va bien au-delà.

 

« L'homme est avant tout un être spirituel, c'est-à-dire créé par Dieu et pour vivre en relation à Dieu ; en ce sens il ne peut pas être comblé par n'importe quelle joie. Il ne trouvera son repos et la dilatation de son cœur que dans la vraie joie, celle que le monde est incapable de donner, mais que Dieu seul accorde à celui ou celle qui lu Lui demande»[3]. Donc ce qu'est la joie chrétienne Dieu seul peut nous le révéler.

 

Paul VI nous rappelle dans son exhortation apostolique « La joie chrétienne » (1975) la nécessité pour un chrétien « d'apprendre ou de réapprendre à gouter simplement les multiples joies humaines que le Créateur met sur nos chemins. La joie chrétienne suppose un homme capable de joies naturelles ». Donc les joies humaines ou sensibles ne sont pas à bannir mais il s'agit de leur donner une juste place. Une quête effrénée des plaisirs humains, des divertissements ne suffira pas à combler le cœur humain : « Cueille cette frêle fleur, dit le poète, prends la vite ! De crainte qu'elle ne se fane et ne s'effeuille dans la poussière »[4]. Ainsi les joies naturelles s'émoussent et entrainent une insatisfaction. La joie n'est pas seulement un simple retentissement sensible en nous, elle va chercher beaucoup plus profond. La joie implique toujours un caractère de permanence, de profondeur et un goût de plénitude. « Dans nos retentissements en nos âmes c'est une sorte de frémissement intérieur, une sorte de lame de fond qui nous soulève et qui fait comme disait Bergson: « qu'à certains moments on éprouvera comme un étonnement d'être »[5]

 

c) D'où vient la joie de Dieu ?

 

La joie de Dieu vient de l'Esprit-Saint, c'est un fruit de L’Esprit.

« Mais voici ce que produit l'Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, foi, humilité et maitrise de soi », Gal 5,22

 « La joie plénière qui existe en Dieu provient du don mutuel que se font les personnes de la Trinité. Mais Dieu n'a pas voulu garder sa joie pour lui-même. En créant L’univers et en modelant L’homme à son image et à sa ressemblance, il a désiré lui faire partager sa joie...Il nous a créé par débordement d'amour, pour se donner à nous et nous communiquer sa propre joie » [6]

Donc la joie est un don de Dieu, elle ne se prend pas, elle se reçoit de Lui. Elle est un fruit de L’Esprit-Saint comme le dit Paul VI. « cette joie surabondante qui est un don de L’Esprit-Saint »[7]. Si elle est un don, il nous appartient de désirer recevoir ce don et de décider le l’accueillir et de le faire fructifier. La joie suppose donc un choix. On peut choisir d'être joyeux, et d'accueillir la grâce que Dieu nous fait.  Saint Philippe Néri enseignait  «qu'un fécond et sur programme de formation à la joie s'appuie sur une palette harmonieuse : la prière assidue, L’eucharistie, la redécouverte et la valorisation du sacrement de réconciliation, le contact familier et quotidien avec la parole de Dieu, l'exercice fécond de la charité fraternelle et du service, puis la dévotion à la Sainte Vierge, modèle et vraie cause de notre joie ».

Lajoie ne se reçoit que si elle est décidée. Il faut la vouloir, l'appeler, il faut demander à Dieu qu'il nous l'envoie.

 

d) La souffrance

 

La souffrance est au cœur de l'humanité. Toute personne qu'elle le sache ou pas porte des blessures. La souffrance est une douleur physique ou morale. Elle est aussi une atteinte globale de la personne. Souffrir c'est faire l'expérience d'une privation d'un bien: peine, maladie, douleur...Elle peut être source de grand malheur, de folie.

 

Elle est également une source de scandale. « Il est important de mesurer que la souffrance en elle-même n'a pas de sens, n'a pas de valeur. Donc on n'a pas à cultiver, à rechercher la souffrance simplement pour elle-même. En revanche la vie de celui qui souffre a une signification, a du prix, vaut le coup d'être vécu. Seule la personne qui souffre peut donner un sens à sa vie et à sa souffrance. [8]

 

« La souffrance est quelque chose d'encore plus ample que la maladie, de plus complexe et en même temps plus profondément enraciné dans l’humanité elle-même. Une première approche de ce problème vient de la distinction entre la souffrance physique et la souffrance morale. Celle distinction se fonde sur la double dimension de l'être humain, et elle désigne l'élément corporel et spirituel comme le sujet immédiat ou direct de la souffrance. Dans la mesure ou on peut jusqu'à un certain point employer les mots « souffrance » et « douleur », il y a souffrance physique lorsque le corps fait mal d'une façon ou d'une autre, tandis que la souffrance morale est une « douleur de l'âme ». Il s'agit en effet de la douleur de nature spirituelle, et pas seulement de la dimension « psychique » de la douleur qui accompagne la souffrance morale comme la souffrance physique ».[9]

 

 

 

II) Un sens donné à la souffrance : source de joie ?

 

Paul VI '. « Un chrétien peut manquer de tout mais s'il est uni à Dieu dans la foi et la charité, il ne peut manquer de joie ».

Paul VI : « Le Christ est la joie de la vie ! Il est la joie parce qu'il donne à notre vie sa vraie signification, sa dignité, sa sécurité ».

 

La souffrance en soi n'a pas de sens, mais c'est Dieu qui lui en donne un sens. La manière dont le souffrant « porte sa croix » donne une signification à sa souffrance et à sa vie.

 

a)      Une conversion intérieure

 

On a constaté que dans la souffrance se cache une force particulière qui rapproche intérieurement l'homme du Christ, une grâce spéciale. C'est un fruit de l'Esprit-Saint, un don de Dieu.

« Le fruit de cette conversion, c'est non seulement le fait que l’homme découvre le sens salvifique de la souffrance, mais surtout que, dans la souffrance, il devient un homme totalement nouveau. Cette découverte confirme particulièrement la grandeur spirituelle qui, dans l’homme dépasse le corps de manière absolument incomparable. Lorsque le corps est profondément atteint par la maladie, réduit à l'incapacité, lorsque la personne humaine se trouve presque dans l’impossibilité de vivre et d'agir, la maturité intérieure et la grandeur spirituelle deviennent d'autant plus évidentes, et elles constituent une leçon émouvante pour les personnes qui jouissent d'une santé normale. Cette maturité intérieure et cette grandeur spirituelle dans la souffrance sont certainement le fruit d'une conversion remarquable et d'une coopération particulière à la grâce du Rédempteur crucifié ».[10]

 

« La souffrance, en effet, ne peut être transformée par une grâce venant du dehors, mais par une grâce intérieure. Le Christ, de par sa propre souffrance salvifique, se trouve au plus profond de toute souffrance humaine et peut agir de L’intérieur par la puissance de son Esprit de vérité, de son Esprit consolateur ».[11]

 

Dans la découverte de nos faiblesses, Dieu nous fait découvrir une joie très particulière: celle de savoir et de sentir que malgré cela Dieu ne nous en aime pas moins. Les sources de la force divine jaillissent vraiment au cœur de la faiblesse humaine. Sainte Thérèse mettait sa joie dans ses faiblesses car elles étaient le lieu de la bonté et de la tendresse de Dieu envers elle. « Quelle douce joie de penser que le Bon Dieu est juste, qu'il tient compte de nos faiblesses, qu'il connaît parfaitement la fragilité de notre nature ».

 

Mais un tel processus intérieur ne se développe pas toujours de la même manière. Bien souvent il commence et il s'établit avec difficulté. Déjà le point de départ est différent : c'est avec des dispositions différentes que les hommes abordent leur souffrance.

 

Dans les années 1975 une psychiatre américaine, Elisabeth Kubler Ross développe cinq étapes psychologiques que toute personne franchit face à une épreuve, un deuil, une maladie. Ce processus se fait dans le temps. Et certaines personnes ne franchissent pas toutes les étapes de la même manière. Ce cheminement est unique, il peut y avoir des retours en arrière, des blocages.

Le choc : déni de la situation, état de choc face à l'épreuve.

La colère : sentiment d'inutilité, de non-sens. Rien ne va et tout va de travers pour la personne qui souffre.

Marthe Robin: « Je me suis débattue avec Dieu, je n'ai choisi le Christ qu'après des années d'angoisse, j'ai tant de fois résisté jusqu' au tourment ».

Le marchandage : on essaye de négocier, de trouver des solutions à l'amiable pour résoudre le problème.

Jésus : « Mon père s'il est possible que cette coupe passe loin de moi » ; « Cependant non pas comme je yetu mais comme tu veux ».

La tristesse : prise de conscience de l'épreuve à surmonter.

Jésus : « Mon âme est triste à en mourir »

L'acceptation : période d'apaisement, où la personne peut donner et trouver un sens à ce qu'elle vit.

La conversion du cœur est le secret de l'amour de Dieu pour l'homme, nous ne pouvons décider une conversion, c'est un cadeau que l'on reçoit. Cependant, il se peut que cette conversion ne puisse pas se faire dans certaines étapes de ce processus... Mais c'est le secret de Dieu !

 

b) La présence et L’aide de Dieu dans la souffrance

 

« Dieu n'est pas venu supprimer la souffrance, il n'est pas venu L’expliquer, mais il est venu la remplir de sa présence », Paul Claudel

La joie dans la souffrance peut venir du fait qu'il y a une présence et une aide de Dieu, Dieu ne veut pas la souffrance mais il vient à notre aide. «Si dans chaque chose on découvre la marque de Dieu, on est dans la joie». [12]

Laissons la parole au Bienheureux Jean-Paul II. « Courage, Dieu ne t'a pas oublié. Le Christ souffre avec toi, et toi, offrant tes souffrances, tu peux collaborer avec Lui à la Rédemption du monde. C'est précisément au moment de la maladie qu'apparait avec le plus d'urgence le besoin de trouver des réponses adéquates aux questions ultimes concernant la vie de L’homme; les questions sur le sens de la douleur, de la souffrance et de la mort elle-même, considérée non seulement comme une énigme à laquelle il est difficile de se mesurer, mais comme un mystère dans lequel le Christ incorpore à lui notre existence, en l’ouvrant à une naissance nouvelle et définitive pour la vie qui ne finira plus ».[13]

 

Sainte Marguerite-Marie : « Lorsque vous vous trouverez dans un abime d'amertume et de souffrances, abimez vous dans le sacré Cœur de Jésus pour les unir aux siennes ; et là vous trouverez un trésor de joie, qui vous rendra soumise à tout ce qu'il voudra faire de vous, pour souffrir tout en silence, sans vous plaindre ».[14]

 

Jésus lui-même a crié vers Dieu dans sa souffrance : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné, insoucieux de me sauver, malgré les mots que je rugis ? (...) il n'a point méprisé ni dédaigné la pauvreté du pauvre, il n'a point caché de lui sa face, mais invoqué par lui il écouta », psaume 22.

 

 

c) Une union à la Passion et à la Résurrection du Christ

 

« Ce n'est pas grâce à sa toute puissance que le Dieu du christianisme nous aide, mais grâce à sa faiblesse. C'est là que se trouve la différence déterminante par rapport à toute autre religion », Dietrich Bonhoeffer.

 

« En ce moment, je trouve ma joie dans les souffrances que j'endure pour vous et je complète en ma chair ce qui manque aux épreuves du Christ pour son Corps qui est l'Eglise ». Col 1, 24

 

Chaque personne a une place à prendre dans la Passion et la Résurrection du Christ, et participe à la mission salvifique du Christ pour l'Eg1ise.

 

« Surmonter le sentiment de L’inutilité de la souffrance, impression qui est parfois profondément enracinée dans la souffrance humaine, devient une source de joie (....). La découverte du sens salvifique de la souffrance en union avec le Christ transforme ce sentiment déprimant. La foi, dans la participation aux souffrances du Christ porte en elle-même la certitude intérieure que L’homme qui souffre « complète ce qui manque aux épreuves du Christ ».[15]

 

Le Christ a vaincu définitivement la mort par sa Résurrection; toutefois, parce que sa Résurrection est liée à sa Passion et à sa mort, il a vaincu en même temps ce monde par sa souffrance. Le Christ garde dans son corps de ressuscité les traces des blessures causées par le supplice de la Croix, sur ses mains, ses pieds et dans son coté.

 

 

Exemple du Bienheureux Jean Paul II :

« A-t-il jamais été aussi beau, notre pape d'amour ? Aussi rayonnant de la splendeur de Dieu ? Il manifeste le mystère de la Croix glorieuse, de la Gloire crucifiée. A-t-il jamais autant donné au monde, autant servi l’Eglise ? A-t-il été à ce point icône vivante du Sauveur en sa Passion, passion par laquelle il nous a tous divinisés et déjà glorifiés ? »[16]

 

Voici un extrait d'interview de Mère Térésa réalisé le 15 janvier 1973 par Ralf Rolls pour un programme scolaire de BBC intitulé « Foi et vie » (Belief and life)[17]

 

Comment pouvons-nous croire en un Dieu bon, alors qu'il y a tant de souffrances autour de nous ?

En soi, la souffrance est inutile, mais la souffrance qui nous fait participer à la Passion du Christ est un cadeau magnifique pour la vie de l’homme, le plus merveilleux des dons.

 

Comment ? La souffrance est un don ?

Oui, et un signe d'amour, puisque le Père l’a choisie pur manifester au monde qu'il l’aimait jusqu'à lui sacrifier son Fils. Le Christ, par sa vie, par ses souffrances a expié nos péchés.

 

Que devrions-nous faire quand la souffrance nous visite ?

L'accepter avec le sourire.

 

L'accepter avec un sourire ?

Oui, avec le sourire. Puisque c'est le plus grand don que Dieu nous fait-

 

 

Comment sourire ?

Sourire à Dieu, avoir le courage d'accepter tout ce qu'il nous envoie, et lui donner avec un généreux sourire ce qu'il nous enlève.

 

« La souffrance n'est rien en soi; mais c'est un admirable don que la souffrance partagée avec la passion du Christ. Le plus beau don reçu par l'homme est la possibilité d'avoir part à la passion du Christ. Oui, un don et un signe de son amour ; puisque c'est ainsi que son Père a montré qu'il aimait le monde, en donnant son Fils pour qu'il meure pour nous »[18]

 

 « Or, si l'on prêche que le Christ est ressuscité des morts, comment certains parmi vous peuvent-ils dire qu'il n'y a pas de résurrection des morts ? S'il n'y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n'est pas ressuscité. Mais si le Christ n'est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi est notre foi », 1 Cor 15, 12

 

« J'en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l'avenir (...) rien ne pourra nous séparer de L’amour de Dieu qui est en Jésus-Christ », Rom 8, 38

 

d)    Le modèle de Jésus

 

Quatrième chant du Serviteur Souffrant : Isaïe 53.2-4

« Comme un surgeon il a grandi devant lui,

Comme une racine en terre aride :

Sans beauté ni éclat pour attirer nos regards,

Et sans apparence qui nous eut séduits ;

Objet de mépris, abandonné des hommes,

Homme de douleur, familier de la souffrance,

Comme quelqu'un devant qui on se voile la face,

Méprisé, nous n'en faisions aucun cas.

Or, ce sont nos souffrances qu'il portait,

Et nos douleurs dont il était chargé »

 

Jésus nous invite, à travers la manière dont il a vécu la souffrance, à vivre dans l'humilité et la confiance.

 

Et il nous invite aussi à le suivre, malgré les humiliations, les épreuves :

- «Si quelqu'un veut marcher derrière moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il prenne sa croix et qu'il me suive », Marc 8, 34

Dans le monde vous aurez à souffrir. Mais gardez courage, l’ai vaincu le monde », Jean 16, 33

 

En même temps il nous invite à la joie et à la paix.

-« Vous aussi, maintenant vous voilà tristes ; mais je vous verrai de nouveau et votre cœur sera dans la joie, et votre joie, nul ne vous l’enlèvera », Jean 16,22

 

Jésus a-t-il souffert sur la croix avec cœur joyeux ?

Sainte Catherine de Sienne : « C'est avec une joie immense, dit-elle au cardinal Orsini, que Jésus cria ces paroles : « Tout est achevé ». On pourrait croire que c'étaient là des paroles de tristesse, mais c'était bien des paroles de joie. Il semble que ce doux Jésus veuille dire : « Maintenant j'exulte ! Cette épreuve, Je l’ai enfin consommée ». Oui, dit-elle encore, « L’Agneau sur la Croix était tout à la fois bienheureux et souffrant ». [19]

 

C'est ce qu'enseigne Jésus au frère Marcel Van dans les colloques qu'Il a avec 1ui en 1945-1946 durant son noviciat '. « Petit Marcel, Ma vie a été une vie de souffrance ; mais jamais Je n'ai été triste d'avoir à souffrir. Par conséquent, Ma vie doit être appelée une vie douloureuse, mais non pas une vie malheureuse. Si je m'étais attristé en face de la souffrance, comment pourrais-Je maintenant t'exhorter à être toi-même joyeux quand tu rencontres la souffrance? ».

« Jamais Je n'ai été triste ; au contraire, J'ai toujours été joyeux comme l’est un enfant qui nage dans les consolations (...). Et, pour te dire, c 'est là une chose que seul l'Amour est capable de comprendre » [20]

 

e)    Le modèle de Marie

 

La Vierge Marie rend un témoignage exemplaire de 1a souffrance. « Témoin de la passion de son Fils par sa présence, y participant par sa compassion, Marie a réalisé avant l’heure ce qu'affirmait Saint Paul. Oui, vraiment à des titres tout à fait spéciaux, elle peut affirmer qu'elle « complète en sa chair-comme elle l’a déjà fait dans son cœur- ce qui manque aux épreuves du Christ ».[21]

 

Parmi les créatures humaines sauvées par la grâce de Dieu, c'est en la Vierge Marie que la joie de l'Esprit-Saint a atteint sa plénitude, parce qu'il n'y avait en elle aucun obstacle lié au péché. Sous l'onction de l'Esprit-Saint, sa joie éclate dans un cantique d'amour, de louange, de reconnaissance et d'action de grâce pour le Dieu saint, miséricordieux et puissant.

 

« Vivre la parole de Dieu dépasse nos forces...mais le fait de dire humblement oui à Dieu est source de joie, de joie mariale. Nos cœurs sont souvent tristes par le simple fait que notre « oui » est bientôt suivi d'un « mais » qui le corrige. Ce « mais » est comme une pierre qui obture la source de la joie. Si la parole de Jésus dépasse nos forces humaines, demandons-lui la grâce de l’accomplir; il nous la donnera. Mais dites « oui » à la Parole sans ajouter un « mais » sinon vous serez tristes ».[22]

 

Dans le cadre de sa maternité spirituelle instituée par Jésus du haut de la Croix (Jn 19,26-21), Marie continue de nous exhorter en disant : « Faites tout ce qu'il vous dira », Jn 2, 5

« L'exemple de Marie nous montre que la joie de Dieu n'éclate que dans un cœur sans péché, converti, rempli de la présence de Dieu, qui accueille la Parole de Dieu et la vit dans l’amour, le don et le sacrifice de soi, un cœur confiant, qui pardonne, rend grâce en toute circonstance, la louange sans cesse sur les lèvres. Telles sont les conditions de l'éclosion et de l'épanouissement de la joie chrétienne ».[23]

 

f) La fécondité de la souffrance

 

« Si vous unissez vos peines à celles du Christ mourant sur la Croix pour nous sauver, vous serez les coopérateurs privilégiés du salut des âmes. C'est là votre mission dans l'Eglise, toujours consciente de la valeur de la maladie lorsqu'elle est éclairée par la foi. Vos souffrances ne sont donc jamais inutiles, au contraire, elles sont précieuses... »[24]

 

« Dans la souffrance se cache une force particulière qui rapproche intérieurement l’homme du Christ, une grâce spéciale. Elle libère dans l'homme ses capacités d'aimer, très précisément le don désintéressé du propre « moi » au profit d'autrui, de ceux qui souffrent. Le monde de la souffrance ne cesse d'appeler, pour ainsi dire, un monde autre: celui de l’amour humain ».[25] .

 

Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, été 1882, entrée de Pauline au Carmel

« En un instant, je compris ce qu'était la vie (...), je vis qu'elle n'était qu'une souffrance et qu'une séparation continuelle. Je versai des larmes bien amères, car je ne comprenais pas encore la joie du sacrifice »

 

« Si parfois L’amère souffrance

Venait visiter votre cœur

Faites-en votre jouissance :

Souffrir pour Dieu...quelle douceur !... »

 

« Vivre d'amour, ce n'est pas sur la terre

Fixer sa tente au sommet du Thabor

Avec Jésus, c'est gravir le Calvaire

C'est regarder la Croix comme un trésor !...

Au Ciel je dois vivre de jouissance

Alors l'épreuve aura fui pour toujours

Mais exilée je veux dans la souffrance

Vivre d'amour »

 

« Les anges ne sont pas aussi heureux que nous, puisqu'ils ne peuvent pas souffrir et communier ainsi, comme nous, aux souffrances du Christ ».

 

« Je me demande comment je pourrai vivre dans le Ciel, dans un pays où la souffrance n'existe plus et où, par conséquent, je ne pourrai plus sauver d'âmes par la souffrance ».

 

« Pas de joie sans Dieu, pas de joie sans la croix, pas de joie sans don de soi » [26]

 

Marthe Robin affectée par de nombreuses dépendances physiques, voyant que le Seigneur « se sert », lui offre encore ses mains. Adieu les fleurs brodées, la beauté sortie des doigts. Elle pose les ciseaux, le fiI, l'aiguille '. « O mon cher travail ! Il me donnait l'illusion d'être utile encore à quelque chose ! ». Marthe ne sert plus à rien qu'à offrir sa vie et à aimer. « Qu'il est beau notre sacerdoce à nous qui s'exerce dans l’ombre et le silence, caché comme Jésus-Hostie ».[27]

 

III  Comment vivre la Joie ?

 

Ecclésiastiques 38, 9 : sept conseils pour vivre la maladie.

« -Ne pas se révolter

-Prend acte de la situation telle qu'elle est

-Tourne-toi vers Dieu et dis-lui ta peine

-Faire l’expérience de sa miséricorde (consolation, compassion mais aussi le pardon)

-Loue le Seigneur

-Offre-toi à Dieu, c'est la meilleure offrande que tu puisses lui faire

-Soigne-toi ».

 

a) Les joies humaines

 

S'accorder, profiter et vivre des joies simples, de son entourage familial ou amical.

 

b) L'action de grâce

 

« Bénis le Seigneur, mon âme, n'oublie aucun de ses bienfaits », Psaume 103, 2

Saint Paul nous le rappelle avec insistance '. « Soyez toujours joyeux. Priez sans cesse. En toute condition, soyez dans l'action de grâces », 1 Th 5, 16-18

 

Notre joie provient de L’Esprit de Jésus présent en nous, qui nous fait prendre conscience de l'amour, de la puissance, de la bonté de Dieu. Joie émerveillée qui déclenche la louange et sans laquelle il semble que la prière constante, l'action de grâces soient impossibles: « Rendez grâce au Seigneur, car il est bon, car éternel est son amour » Psaume 136, I

 

Rendre grâce à Dieu c'est le remercier pour un bienfait précis. C'est de Lui que vient toute bénédiction et toute grâce dans le domaine matériel comme dans le domaine spirituel. Je peux rendre grâce à Dieu pour le miracle de la vie, pour mon corps, pour l’air que je respire, la nourriture que je prends, pour chaque journée qu'il me donne et qu'il veut que je vive dans la joie et non dans la plainte : « Voici le jour que fit le Seigneur, pour nous allégresse et joie », psaume 118,24 car « ses merveilles et ses compassions se renouvellent chaque matin, grande et sa fidélité » Lm 3, 22-23

 

La joie chrétienne jaillit du cœur reconnaissant de celui qui dit merci pour tout ce qui lui arrive, au lieu de quémander, d'exiger car il sait que sa vie est dans les mains de Dieu : « Quant à vous, même vos cheveux sont tous comptés. Soyez sans crainte : vous valez plus que tous les moineaux du monde », Lc 12,7

 

Dire merci pour notre vie telle qu'elle est et reconnaitre les bienfaits du Seigneur c'est la solution de Dieu pour nous réjouir, fortifier notre foi, susciter notre louange, faire éclater sa puissance « pour changer notre deuil en une danse, nos lamentations en chants d'allégresse », Psaume 30, 1

 

c) La louange

 

La louange est l'action de grâces centrée sur Dieu lui-même et non sur ses dons. Il est Dieu, amour, bonté, sagesse, saint, juste, fidè1e, tout puissant, créateur et Seigneur de toutes choses, sauveur, libérateur, protecteur; un Dieu de Paix et de joie qui répand son bonheur sur toutes ses créatures.

 

Louer Dieu c'est l'honorer, crier de joie devant Lui, l'exalter, L’acclamer, l'applaudir pour lui-même, pour ce qu'il est, pour ce qu'il fait et aussi contempler sa beauté et s'émerveiller, même si on n'exprime pas des paroles, car pour le Seigneur, « le silence est aussi louange », psaume 65, 2.

 

D'où vient la puissance de la louange ?

Lorsque nous manifestons notre joie, notre gratitude et notre confiance en louant le Seigneur, nous tournons le regard vers lui, attendant tout de lui, dans un élan de confiance, d'abandon et d'amour. Or « qui regarde vers lui resplendira sans ombre ni trouble au visage », psaume 34,6

Une guérison intérieure :

La louange nous décentre de nous-mêmes, nous sort de nous-mêmes, nous éloigne des sentiments négatifs et nous aide à donner la première place à Jésus dans notre vie. Lorsque je loue, je ne reste pas enfermé dans mes soucis, dans mes propres recherches de solution, je ne me fixe pas d'objectifs comme on le fait avec certaines formes de méditation orientale et de relaxation... A travers la louange chrétienne, L’Esprit nous fait prendre conscience de la présence aimante, bienveillante et toute puissante de Dieu et ouvre les cœurs à sa miséricorde. Alors même les cœurs plus fermés et bloqués qui ne pouvaient plus prier sont touchés et s'ouvrent. Et progressivement, Jésus guérit les blessures intérieures et les cicatrise par son amour, sa paix et sa joie.

 

Le secret de la louange et de l'action de grâce: persévérer quoi qu’il en coute. Le secret de la louange et de l'action de grâce ne réside pas dans une répétition magique de mots mais dans le sacrifice qu'elles nous demandent. Plus la louange nous coute, plus sa valeur spirituelle augmente : « Celui qui offre pour sacrifices des actions de grâces m'honore et à celui qui veille sur sa voie je ferai voir le salut », Psaume 50, 23

 

De nombreux auteurs ont montré comment la louange, dans des situations difficiles, ouvre la porte à l'intervention de Dieu dans notre vie. La louange n'est cependant pas une fuite devant les situations intolérables du monde ou de la vie quotidienne. Marie dans son Magnificat n'oublie pas les humbles, les petits, les affamés et assoiffés. Mais dépassant les difficultés et même les souffrances d'aujourd'hui pour se tourner vers Dieu, elle reconnait que si dans certaine situations nous ne pouvons humainement rien, Dieu lui n'a pas nos limitations et « rien ne lui est impossible », Lc l, 37, il peut répondre efficacement à nos supplications, alléger nos soucis, nos inquiétudes, combler nos besoins et nous donner la joie même dans la détresse.

 

« Jésus n'a pas promis de changer les circonstances autour de nous mais il a promis une grande paix et une joie profonde à ceux qui veulent apprendre à croire que Dieu contrôle et dirige concrètement toutes choses. Le fait même de louer Dieu libère sa puissance dans des circonstances bien précises et lui permet de les transformer si telle est sa volonté ».[28]

 

Louer Dieu quand tout va mal et qu'on en a pas le désir est le sacrifice gratuit par excellence, celui que n'est pas offert pour obtenir une grâce. C'est la preuve que notre amour est fort, décidé, actif; c'est une réponse personnelle et inconditionnelle à l'amour de Dieu. La foi et la louange vont de pair. La foi est nécessaire pour continuer à louer Dieu dans chaque situation. La louange extérieure manifeste votre foi intérieure. Ayez en Dieu une foi simple, la confiance d'un enfant pour son Père.

 

La prière de louange ne doit donc pas camoufler nos réactions, nous obliger à ne rien dire d'autre comme prière, mais elle est le soutien, le souffle qui porte notre requête dans une atmosphère de confiance et de victoire. C'est bien ce que le Seigneur lui-même nous enseigne ; « Offre à Dieu un sacrifice d'action de grâces, accomplis tes vœux pour le Très-Haut : appelle moi au jour de l'angoisse, je t'affranchirai et tu me rendras gloire », Psaume50, l4-15

 

L'exemple de Job :

Dans les calamités qui ruinèrent complètement sa vie, Job se prosterna et dit: « Le Seigneur a donné, le Seigneur a repris : que le Nom du Seigneur soit béni ! » Job l, 21. Cette réponse prouve que Job, en louant le Seigneur dans de telles conditions, l'aime pour lui-même et non pour ce qu'il lui a donné, pour ses cadeaux. Lorsque nous avons cet esprit de dépendance et de confiance dans la bonté de Dieu, nous pouvons le louer en toutes choses. Si je ne peux continuer de le louer dans l'épreuve, dans la maladie, c'est que mon amour est intéressé, mais si je le fais malgré la souffrance, et même si apparemment je tiens Dieu pour responsable de cette souffrance, alors mon amour est authentique et véritable. Lorsqu'on loue le Seigneur sa puissance d'intervention et de guérison est comme libérée.

 

Si on loue le Seigneur dans l'épreuve, celle-ci ne disparait pas comme par magie, mais elle nous permet d'espérer, et d'affronter l'épreuve avec la force de Dieu présent dans la louange. « L'acceptation des situations douloureuses ouvre les portes par où le ciel peut entrer sur la terre, alors que par la résignation nous stérilisons la volonté que Dieu nous a donnée... »[29]

 

Fruit de l'Esprit-Saint :

Avec le Saint-Esprit, engagez le combat contre l'esprit de découragement, de rébellion et de désespoir. Ne limitez pas votre louange à un certain moment de la journée, mais louez Dieu pour chaque événement de la journée. Si vous persistez à louer le Seigneur lorsque vous êtes frustrés, que la colère monte, que le chagrin vous assombrit, Satan ne rodera pas longtemps autour de vous.

 

« Dieu est pour nous un refuge et un appui, un secours toujours disponible dans L’angoisse », psaume 46,2.  « Plus ce que vous vivez est obscur, plus vous ayez besoin de la lumière de Dieu et donc plus il est nécessaire de le louer, au lieu de vous concentrer sur votre problème et sur vos propres sentiments ».[30]

« Ne vous découragez pas.Si vous décidez de dire merci, de louer et d'être joyeux, il se peut que Satan redouble ses attaques et que la situation paraisse empirer au lieu de s'améliorer. Ne vous découragez pas, tenez fermes dans la foi, dans la certitude que Dieu s'occupe de vous. Ne cédez pas à la tentation de l'adversaire qui veut vous empêcher de louer Dieu. Il pourra vous suggérer que ce ne serait pas authentique de votre part de louer Dieu sans en ressentir le désir. Il ira même jusqu'à vous suggérer que ce serait de l’hypocrisie. N'écoutez pas ses mensonges. Quand son action sera trop manifeste, il sera parfois nécessaire de prendre autorité sur lui, de le chasser au nom de Jésus qui vous a déjà donné la victoire. Marchez donc en vainqueurs à la suite du Christ pour moissonner les fruits de la joie ».[31]

 

d) Les sacrements et la prière

 

L'Eucharistie

L'Eucharistie est une communion au sacrifice du Christ. Donc la souffrance a toute sa place dans l'Eucharistie, c'est un sacrifice d'amour. C'est une pleine communion à notre sauveur. Une source de joie et de charité.

 

« A la Messe, par le sacrifice rédempteur de Jésus-Christ réactualisé sur l’autel à travers la prière de L’Eglise célébrant l’Eucharistie (mot qui veut dire action de grâce), je peux adresser à Dieu le Père mon plus beau chant d'adoration, de louange et d'action de grâce et ouvrir les écluses du ciel, le canal des bénédictions divines. »[32]

 

Le sacrement de la réconciliation

« Si je décide de demander pardon à Dieu, de me confesser, de lui avouer mes fautes, de rompre de mauvais liens, de prier ou de bénir Dieu, la joie du pardon m'inonde tout entier et je me sens revivre comme un arbre sortant d'une léthargie hivernale »[33]

 

La guérison intérieure me donne la paix de Jésus et je peux aimer et servir les autres comme Jésus dans l'inaltérable joie qui s'enracine dans l'amour du Christ. Et la joie du Seigneur elle-même est source de guérison pour le corps et une protection contre l'Adversaire. Alors garde ta joie et elle te gardera. Rappelle-toi « qu'un cœur joyeux améliore la santé et qu'un esprit déprimé dessèche les os »Pr 17,22

 

Les flèches de l'ennemi ne peuvent atteindre celui qui est dans la joie et loue le Seigneur. Quand l’ennemi voit la confiance et la joie que Dieu nous donne, il tremble. « Contre les machinations et les ruses de l'ennemi, ma meilleure défense c'est encore l’esprit de joie », disait Saint François d'Assise. Et cet esprit grandit en chacun de nous si nous laissons le Saint-Esprit accomplir son œuvre de sanctification car la joie est véritablement un fruit de l'Esprit-Saint.

 

Le sacrement des malades (CEC 1500)

C'est en don particulier de l'Esprit-Saint. Une grâce de réconfort, de paix et de courage pour vaincre les difficultés propres à l'état de maladie grave. Ce sacrement renouvelle la confiance et la foi en Dieu qui fortifient contre les tentations du Malin : découragement, tristesse, angoisse de la mort. C'est l'assistance du Seigneur pour guérir le malade, mais c'est d'abord une guérison de l'âme. Mais aussi la guérison du corps si telle est la volonté de Dieu. La grâce de ce sacrement permet au malade de recevoir la force et le don de s'unir plus intimement à la Passion du Christ.

 

L'adoration, la lecture de la Parole de Dieu, le Chapelet approfondissent notre relation au Christ, à Dieu le Père, et nous ouvre à l'Esprit-Saint. Bref, nous ouvre à la grâce ! A Paray le Monial, Jean Paul II disait : «auprès du cœur du Christ, le cœur de l’homme reçoit sa capacité d'aimer ».

 

IV) Quelle joie un non croyant peut-il trouver dans la souffrance ?

 

« Puisqu'on ne peut pas ajouter des jours à la vie, il faut ajouter de la valeur aux jours »

 

·         La souffrance, lieu d'intériorité?

La souffrance nous oblige à nous confronter à nous-mêmes, à notre propre vulnérabilité, à notre faiblesse. Elle nous fait expérimenter la dépendance aux autres, à des soins, des médicaments pouvant jusqu'à aller à une perte d'autonomie. La souffrance peut être aussi l'occasion de faire aussi un bilan de sa vie.

·         La souffrance, expérience de nos limites?

Le propre de la souffrance s'est de nous enseigner sur nos limites. Elle est aussi le lieu de l'intériorité.

La douleur physique est un signal d'alarme qui nous montre la limite de notre corps. ll y a une fonction providentielle de la souffrance (un enfant qui se brule. . . ). La douleur a un rôle éducatif dans le développement de la personne.

·         La souffrance, lieu de réconciliation et d'unité?

Dans certains cas, la maladie et l'épreuve peuvent réunir des familles, des amis. Créer une solidarité qui n'existait pas avant.

·         La souffrance, lieu de conversion?

Face au dénuement que la maladie, la mort à la solitude peuvent engendrer la souffrance nous sommes confrontés à des questions existentielles sur le sens de notre vie, le pourquoi de nos existences.

 

Aspect pastoral

·         N'ayons pas peur!

·          Vivre de la joie

·          Soutien moral, soutien matériel

·          Visites

·          Proposer les sacrements

·          Proposer un accompagnement spirituel

·          Prière

·          Communion des saints

·          Témoigner

·         . Entourage (communautés, associations)

·          Présence et silence...

 

Apport du mémoire

·          Action de 1'Esprit-Saint

·          Grandir dans la FOI, poser des actes de foi

·          Comprendre la joie chrétienne

·          Redécouvrir la louange

·          Approfondir le sens chrétien de la souffrance

·          Redonner à la personne souffrante sa valeur, sa dignité et sa beauté

·          Contemplation du mystère de Dieu, rn ‘invite au silence

·          Grandir personnellement et professionnellement

 

Conclusion

Il est donc possible de vivre la souffrance dans la joie !

Mais humainement c'est impossible. C'est une grâce qui nous dépasse largement, un don de Dieu, quelque chose de surnaturel, un travail de l’Esprit-Saint en chacun. Cela reste un mystère.

Une personne atteinte de sclérose en plaque me disait récemment : « Quand on y croit, cela change tout ! » et

« C’est une question d'amour ».

C'est aussi une question de confiance en Dieu. Saint Claude la Colombière dans son acte de confiance en Dieu le verbalise bien : «Je suis si persuadé, mon Dieu, que vous veillez sur ceux qui espèrent en vous, je suis si persuadé qu'on ne peut manquer de rien, quand on attend tout de vous, que j'ai résolu de vivre à l'avenir sans aucun souci et de me décharger sur vous de toutes mes inquiétudes. Les hommes peuvent me dépouiller et des biens et de L’honneur ; les maladies peuvent m'ôter les forces et les moyens de vous servir, je puis même perdre votre grâce par le péché ; mais jamais je ne perdrai mon espérance ».

 

Il est plus facile de porter sa croix que de la trainer. La joie dans la souffrance est une décision à prendre et à rechoisir à tout moment. C'est un chemin d'humilité et de sainteté  ...qui est source de JOIE !

« J'apprends plus devant mon crucifix que dans tous les livres », Saint Thomas d'Aquin.

« Le langage de la croix est folie pour ceux qui vont vers leur perte, mais pour ceux qui vont vers leur salut, pour nous, il est puissance de Dieu », 1 Cor, I 8

« Au contraire, ce qu'il y a de fou dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion les sages ; ce qu'il y a de faible dans le monde, voilà ce que Dieu a choisi pour couvrir de confusion ce qui est fort ; ce qui est d'origine modeste, méprisé dans le monde, ce qui n'est rien, voilà ce que Dieu a choisi pour détruire ce qui est quelque chose, afin que personne ne puisse s'enorgueillir de la grâce de Dieu », I Cor,27

 


[1]  Odile Terra, cours sur la compassion

[2] ' soyez toujours joyeux ...c'est possible, Jean Pliya, édition Saint-Paul, page l8

[3] Le secret de la joie, Sæur Marie-Laetiti4 collection « Vie dans l'esprit », édition Pneumathèque, 1992, page 6

[4] L'offrancle lyrique, R. Tagore, Gallimard, 1971

[5] Le secret de la joie, Sœur Marie-Laetitia collection « Vie dans l'esprit », édition Pneumathèque, 1992, page 13

[6] Le secret de la joie, Sæur Marie-Laetitia, collection « Vie dans t'esprit », édition Pneumathèque, 1992, page 34

[7] Paul VI, exhortation apostolique : la joie chrétienne, 1975

mp;nlc__=881354121763#_ftnref8">[8] Odile Terra, cours sur la compassion

[9] Bienheureux Jean Paul II , lettre apostolique : Salvifici doloris, N°5, 11février 1984

[10] Bienheureux Jean Paul II, lettre apostolique : Salvifici doloris, chapitre : l'évangile de la souffrance, 11 février 1984

[11] Bienheureux Jean Paul II, lettre apostolique : Salvifici doloris, chapitre : l'évangile de la souffrance, 11 février 1984

[12] Père Bernard Peyrous

[13] Bienheureux Jean-Paul II, journée des malades, 2004

[14] Sainte Marguerite-Marie

[15] Bienheureux Jean Paul II, lettre apostolique : Salvifici doloris, chapitre : l'évangile de la souffrance, I I février 1984

[16] Rire et pleurer avec Jean-Paul II, Daniel Ange, page 168

[17] Nous serons jugés sur I 'amour. Mère Térésa Edition Médiaspaul, page 127

[18] La joie du don, Mère Térésa, Edition Seuil, page 23

[19] Le livre  des dialogues, ch 68, Seuil, 1953, p 252

[20] Colloques, 5 avril 1946, dans (Euvres complètes, t. II, Saint Paul/Les Amis de Van, 2001, p 192-193

[21] Jean Paul Il

[22] La joie de Saint-François, G Danneels, service de presse de l'archevêché, Mechelen, 1982

[23] Soyez toujours joyeux...c'est possible, Jean Pliya, édition Saint-Paul, page 28

[24] Bienheureux Jean-Paul II, Rire et pleurer avec Jean-Paul II Daniel Ange, page 176

[25] Bienheureux Jean-Paul II, Rire et pleurer avec Jean-Paul II, Daniel Ange, page 154

[26] N'ayez, pas peur de vivre dans la joie, Abbé Thierry Letièvre, Téqui

[27] Petite vie de Marthe Robin, Raymond Peyret, Editions Desclée de Brouwer

[28] De la prison à la louange, Merlin Carothers, page 108

[29] 2e La clé d'or,M; Welsch, édition Vida. 1981

[30] Ecoutez et vous vivrez, C Urqharl, Pneumathèque, l993, Pg 142

[31] Ecoutez et vous vivrez, C Urqhart, Pneumathèque, 1993, Pg 143

[32] Soyez toujours joyeux...c'est possible, Jean Pliy4 édition Saint-Paul, page 55

[33] Soyez, toujours joyeux...c'est possible, Jean Pliya, édition Saint-Paul, page 69

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commentaires

C
ici la croix, là-haut la joie!
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B
Très beau "mémoire", qui porte bien son nom car il fait mémoire de tout l'enseignement de l’Église, des Écritures et de l'expérience des Saints. Toute la Sagesse de la foi chrétienne se trouve dans<br /> les nombreux textes et témoignages cités, dont beaucoup son peu connus. Je souhaite à l'auteur de voir son travail reconnu, et je serais heureux s'il y en avait une publication accessible pour<br /> pouvoir le relire et en méditer toutes les richesses. Je me remémore une citation de Honoré d'Estienne d'Orves de sa prison à Fresnes en 1941: "Qu'est-ce que la mort? Un mur infranchissable quand<br /> on est seul, une espérance sans bornes quand on est avec Dieu". N'en est-il pas de même avec la souffrance.
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